Comment communiquer avec une personne atteinte d’une maladie qui limite l’espérance de vie?
Tous les aspects de la vie changent quand on apprend que la mort approche à grands pas. Les gens sont en choc, ils ont de la peine à y croire, ils se sentent impuissants, insensibles, terrifiés, désespérés. Malgré cet état de choc, il est important de continuer à converser avec les gens qui vont mourir bientôt.
Mais que pouvons-nous leur dire? Que devons-nous éviter de leur dire? Craignant de dire ce qu’il ne faut pas, bien des gens s’écartent de la personne et ne disent rien. Ils isolent ainsi la personne. Pourtant dans une telle situation, la pire chose que l’on puisse faire à une personne est de l’isoler et de la laisser seule.
La bonne communication repose sur l’empathie. Vous devez rayonner du message suivant : « Je suis là; ne perds pas l’espoir, je comprends ce que tu ressens ».
Quelques conseils pour bien communiquer
Encouragez et donnez de l’espoir : Aidez la personne à garder un espoir réaliste. L’espoir ne disparaît pas, il ne fait que changer. L’espoir de guérir peut devenir l’espoir de vivre dans le bien-être.
Soyez honnête : Évitez d’isoler la personne en lui disant que son état va s’améliorer ou que tout ira bien.
Suivez la pensée de la personne : Si elle désire parler de sa vie ou discuter de la mort, suivez‑la. Plus vous écouterez, plus vous « entendrez ».
Le silence est important : Ne forcez pas la conversation. Si la personne veut parler, écoutez‑la et parlez avec elle. Sinon, ne parlez pas.
Acceptez sa déception, puis passez à autre chose : Si la personne s’étend sur les déceptions qu’elle a vécues, reconnaissez sa déception, validez ses sentiments, puis dites quelque chose comme : « Je sais que c’est très dur ». Ensuite, rappelez‑lui de beaux souvenirs.
Acceptez les sentiments de la personne : Ne luttez pas contre son déni. C’est peut-être la meilleure défense qu’elle ait pour s’adapter à la situation, et ses aidants naturels n’ont pas le droit de la lui enlever. Posez‑lui des questions ouvertes comme : « Une grande partie de toi pense que tu n’as pas… Quelle partie de toi croit que tu as…? »
Pensez toujours que la personne peut vous entendre : Ne parlez jamais de la personne sans l’inclure dans la conversation. Le sens de l’ouïe est le dernier à s’éteindre.
Ne pensez pas qu’elle est fâchée contre vous : Rappelez-vous que les gens projettent leurs ressentiments ou leur colère contre ceux en qui ils font le plus confiance.
Concentrez-vous sur les solutions, et non sur les problèmes : La dépression, l’anxiété, les relations troublées sont des aspects de la vie que nous ne pouvons souvent pas isoler; toutefois, ils restent dans le passé, nous ne pouvons pas les changer. D’un autre côté, nous pouvons changer ce qui va arriver dans l’avenir. Nous nous concentrons sur les solutions dès que nous reconnaissons que certains faits et problèmes ne changeront pas et que nous perdons notre temps en essayant de trouver les raisons qui les ont déclenchés. (http://sumo.ly/bzoj)
La communication non verbale
La communication non verbale est très puissante. Il nous est parfois difficile d’écouter, parce que la personne ne dit rien. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’elle ne communique pas. Tous les gens, malades ou en santé, communiquent par leurs expressions faciales et par leur langage corporel. Dans votre rôle d’aidants naturels, vous devez vous exercer à percevoir toute la communication de la personne dont vous vous occupez, même si elle ne le fait pas avec la parole.
L’écoute active
L’écoute est la compétence la plus importante des aidants naturels. Mieux vous écouterez la personne que vous aidez, meilleure sera votre relation avec cette personne et avec ceux qui l’entourent. L’écoute est tellement importante dans la vie, nous devrions tous en être experts! En réalité, les études de recherche indiquent que nous ne nous souvenons que du quart de ce que nous entendons. L’une des raisons pour lesquelles nous n’entendons pas plus que cela est le fait que nous n’écoutons pas attentivement et activement.
Pour écouter activement, suivez les étapes suivantes :
- Écoutez avec attention.
- Regardez bien la personne qui parle.
- Écartez les pensées qui vous distraient.
- Ne préparez pas vos répliques pendant que vous écoutez!
- Ne vous laissez pas distraire par ce qui vous entoure, comme la conversation d’un autre groupe.
- « Écoutez » le langage corporel de la personne qui vous parle.
- Montrez‑lui que vous l’écoutez.
- Hochez de temps en temps la tête.
- Souriez et communiquez par d’autres expressions du visage.
- Surveillez votre pose pour qu’elle soit ouverte et invitante. Ne croisez pas les bras!
- Encouragez la personne à poursuivre en faisant de petits commentaires verbaux comme « oui », « ah-ha ».
- Donnez-lui votre avis.
- Répétez ce que vous venez d’entendre en vos propres termes, puis commentez‑le.
- Posez des questions ouvertes pour obtenir des précisions : « Qu’est‑ce que tu veux dire quand tu dis que…? ». Ce type de question ouverte encourage la personne à développer son idée. Si vous lui demandez : « Tu voulais dire que…? », vous lui posez une question fermée à laquelle elle ne peut répondre que oui ou non.
Remarque : Parfois on a avantage à poser une question fermée, et d’autres fois non. Pour obtenir une réponse exacte, comme « Veux‑tu des œufs pour le déjeuner, ce matin? », une question fermée convient parfaitement. Mais pour que la personne développe ses pensées ou ses sentiments, il faut lui poser des questions ouvertes.
- Retenez-vous de juger.
- Laissez la personne finir ce qu’elle dit avant de poser des questions.
- Ne l’interrompez pas pour contrer ce qu’elle dit.
- Soyez patients. Le silence ne fait jamais de mal.
- Acceptez ce que la personne vous dit même si vous n’êtes pas du tout d’accord avec elle.
- Respectez et reconnaissez les sentiments que l’on vous confie.
- Traitez la personne comme vous pensez qu’elle désire qu’on la traite.
- Commencez vos phrases par « Je ».
- « J’ai remarqué que tu n’as pas aimé ton souper; parlons du fait que j’étais en retard, parce que je sais que cela t’ennuie vraiment. »
- Dites des choses comme : « Je veux t’aider, mais j’ai besoin que tu me dises comment ».
Ce qu’il faut dire et ne pas dire à une personne atteinte d’une maladie qui limite l’espérance de vie
Les gens se demandent ce qu’ils devraient dire à une personne atteinte d’une maladie qui limite l’espérance de vie. Voyez si vous diriez chacun des énoncés ci‑dessous, puis vérifiez si vous avez raison ou non.
- C’est terrible…
- Je comprends ce que tu ressens.
- Je suis vraiment triste pour toi.
- La mort est une bénédiction.
- Peux‑tu supporter tout cela?
- Tu as encore toute ta vie devant toi.
- Qu’est‑ce que je peux faire pour toi?
- Tu vas te sentir encore bien plus mal plus tard.
- Je suis ici pour t’écouter, dis‑moi ce que tu penses.
- Il y a toujours un bien pour un mal.
- C’est vraiment injuste!
- Prends courage!
- Prends tout le temps qu’il te faut.
Ce qu’il faut dire/À ne pas dire
- Peux‑tu supporter tout cela? OUI!
- Te sens‑tu triste? OUI!
- Qu’est‑ce que je peux faire pour toi? OUI!
- Je suis ici pour t’écouter, dis‑moi ce que tu penses. OUI!
- C’est vraiment injuste! OUI!
- Prends tout le temps qu’il te faut. OUI!
- La mort est une bénédiction. NO!
- Je comprends ce que tu ressens. NO!
- Tu as encore toute ta vie devant toi. NO!
- Tu vas te sentir encore bien plus mal plus tard. NO!
- Il y a toujours un bien pour un mal. NO!
- Prends courage! NO!
Communication avec une personne qui ne peut pas parler
- N’hésitez pas à parler. Parlez‑lui de votre vie. Essayez de deviner ce qu’elle pense.
- Regardez‑la dans les yeux et souriez. Demandez‑lui de cligner des yeux une fois pour oui et deux fois pour non.
- Touchez la personne. Une cajolerie de la main, une caresse dans les cheveux, un bec sur la joue ou sur le front sont des gestes d’affection qui lui feront du bien.
- Faites des dessins ou collez des images sur des cartes pour mieux comprendre ce que la personne désire.
- Utilisez la langue bliss. C’est un langage graphique sémantique qui, à l’heure actuelle, se compose de plus de 5 000 symboles autorisés, c’est‑à‑dire de lettres et de mots bliss. Ce langage est évolutif; il permet à ses utilisateurs de créer aussi les mots dont ils auront besoin.
1. Lisez cette situation fictive.
Marie est une patiente du Dr Johnson depuis plusieurs mois. Un matin, elle vous dit :
« Au début, je pensais que le Dr Johnson était un bon médecin, mais maintenant je n’en suis plus si sûre. On dirait qu’il ne veut pas s’occuper de moi. Je dois attendre des heures dans sa salle d’attente, et pourtant nous prenons les rendez-vous des semaines à l’avance. Puis quand enfin j’arrive dans son bureau, il se débarrasse de moi tellement vite que je n’ai pas le temps de lui parler. Il n’a pas le temps de me parler. Je crois que nous ne devrions plus aller le voir. »
Maintenant, essayez de trouver une réponse avant de vérifier les réponses suggérées.
2. Pour bien écouter, essayez de paraphraser ce que vous avez entendu Marie vous dire.
Réponse suggérée :
« Je crois que tu me dis que ce médecin semble avoir si peu de temps à te consacrer que de retourner le voir est une perte de temps. »
3. Quelle question pourriez-vous poser pour préciser ce que vous avez entendu?
Réponse suggérée :
« As-tu une question bien précise à lui poser? » ou « Est‑ce qu’il vaudrait la peine de retourner le voir s’il te consacrait plus de temps? »
4. Vous ne voulez pas contrer Marie, mais vous pensez qu’elle devrait continuer à voir ce médecin. Mais Marie a l’impression qu’il ne la respecte pas. Vous n’avez aucun contrôle sur le comportement du médecin. Que pourriez-vous faire pour que Marie se sente plus respectée à sa prochaine visite?
Réponse suggérée :
Conseillez à Marie d’inscrire ses questions avant d’aller voir le médecin, puis d’enregistrer ses réponses; vous pouvez aussi lui offrir de poser les questions pour elle après en avoir discuté avec elle.
Consultez ces autres ressources pour approfondir vos connaissances sur la communication efficace avec des personnes qui ont des besoins particuliers dans ce domaine.
Il est souvent difficile de communiquer avec une personne qui a une déficience physique ou mentale. Pour aider la personne à vous comprendre, il est important de l’écouter et de parler très clairement en communiquant de manière non verbale ou par le langage corporel.
Choisissez le lien qui s’applique au problème de la personne que vous aidez pour obtenir plus d’information.
Pour communiquer avec une personne malentendante
https://www.chs.ca/communication-tips-0
Pour communiquer avec une personne malvoyante
http://www.cnib.ca/fr/Pages/default.aspx
Pour communiquer avec une personne qui a des troubles du langage
https://www.osla.on.ca/en/ServicesinOntario
Pour communiquer avec une personne qui a la maladie d’Alzheimer ou de la démence
http://www.alzheimer.ca/fr/Home/Living-with-dementia/Ways-to-communicate
Blissymbolics Communication International
http://www.blissymbolics.org/