Sujet : 20

Le chagrin : Les étapes du deuil – Comment surmonter cette épreuve

Ce qu’il faut savoir

Vous sentez-vous en deuil même si rien ne s’est encore passé?

Dans l’affirmative, quel deuil avez-vous ressenti pour ce qui est? Inscrivez vos pensées.

Êtes-vous en deuil pour ce qui était? Inscrivez vos pensées.

Êtes-vous en deuil pour ce que vous auriez espéré? Inscrivez vos pensées.

Si vous vivez tout cela, alors vous souffrez de la doléance attendue, ou du deuil anticipé.

Qu’est-ce que la doléance attendue?

Il est possible d’être en deuil pour une perte que l’on attend et qui est sûre de se manifester. C’est une façon de résoudre une crise insoluble qui menace les buts que les gens ont établis pour leur vie, une façon désespérée de rétablir l’équilibre. On cherche à équilibrer l’espoir et les façons de lâcher prise. Dans votre rôle d’aidants naturels, il est important que vous ne vous détachiez pas émotionnellement de la personne dont vous vous occupez, même si elle commence à se retirer.

La doléance attendue ne pointe pas entièrement vers l’avenir. Nous pleurons aussi les pertes du passé et du présent. Les gens regrettent la vie, les possibilités, la santé et toutes les autres choses qu’une maladie qui limite l’espérance de vie leur a fait perdre. (Unconscious preparation for a status change or death, Corles 2015, Oxford Textbook of Palliative Nursing)

Qu’est‑ce que la souffrance morale?

La souffrance morale est la réaction naturelle à une perte. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de traverser une période de souffrance morale, et il n’y a pas non plus de durée prédéterminée pour s’en sortir. Nous sommes tous différents. Certaines personnes ressentent intensément leur souffrance; c’est une expérience émotionnelle qui les consomme entièrement. D’autres souffrent moins intensément. L’ethnie, le genre, la culture et l’âge influent sur notre façon de surmonter la souffrance morale. Le deuil est l’expression ouverte d’une tristesse que nous partageons dans un milieu social avec d’autres gens, mais la souffrance morale est notre réaction intérieure, privée, qui n’appartient qu’à nous.

La souffrance morale peut se manifester :

  • Physiquement (pleurs, insomnie, changement de poids, gorge serrée, nœud dans l’estomac, faiblesse musculaire);
  • En milieu psychosocial (perte de concentration, retrait);
  • Émotionnellement (tristesse, colère, solitude, dépression, blâme, soulagement);
  • Spirituellement (remise en question de nos croyances).

La souffrance morale sape notre énergie. Il faut du temps pour se rétablir. En traversant les différentes étapes du deuil, nous consacrons toujours moins d’énergie à la souffrance morale et toujours plus à la survie et à l’amélioration de notre qualité de vie.

Les étapes du deuil

Il existe de nombreuses théories sur les étapes par lesquelles les gens passent pour se remettre d’un deuil.

S.A. Berger suggère les étapes suivantes :

  • Nomade : La personne n’est pas encore sortie de sa souffrance morale.
  • Mémorialiste : On se concentre sur la préservation des souvenirs qu’a laissés le défunt.
  • Prosaïque : On s’efforce de restaurer l’atmosphère familiale ou communautaire.
  • Activiste : On s’engage à aider les gens qui sont atteints de la même maladie.
  • Quêteur : On adopte des croyances religieuses, philosophiques ou spirituelles qui donnent un sens à la vie.

(Suzan A. Berger. Cinq manières de vivre son deuil, traduction d’Anne-Émmanuelle Boterf, Paris, Payot, 2012)

George Bonanno propose quatre trajectoires que l’on suit à la suite d’une perte :

  • Résilience : Capacité de maintenir des degrés de fonctionnement psychologique et physique relativement stables et sains.
  • Guérison : Le comportement habituel est remplacé par de la dépression et par le trouble du stress post-traumatique.
  • Bouleversement chronique : La souffrance se prolonge, et la personne ne peut plus fonctionner.
  • Bouleversement retardé ou traumatisme : La personne semble bien s’adapter aux circonstances, mais elle tombe dans la détresse, et plusieurs mois plus tard ses symptômes empirent.

(George A. Bonanno. « Loss, Trauma, and Human Resilience: Have We Underestimated the Human Capacity to Thrive After Extremely Aversive Events? », American Psychologist, 2004.)

Elisabeth Kübler-Ross présente les cinq étapes du deuil dans son ouvrage intitulé On Death and Dying. Quiconque subit une perte et apprend à la survivre traverse ces étapes. Selon elle, ces étapes ne se suivent pas toujours, et les endeuillés ne les traversent pas nécessairement toutes.

  • Déni
  • Colère
  • Marchandage
  • Dépression
  • Acceptation

(On Grief and Grieving: Finding the Meaning of Grief Through the Five Stages of Loss par Elisabeth Kubler-Ross)

Dans son livre intitulé The Truth about Grief, Ruth Davis Konigsberg fait remarquer que le modèle d’Elisabeth Kubler-Ross souligne les émotions négatives et néglige les positives. Mme Davis Konigsberg met l’accent sur la puissance de la résilience humaine. Son livre est tiré d’études récentes qui ont démontré que les personnes qui ont subi la perte d’un proche l’acceptent en fait très tôt et qu’elles ressentent le désir de se retrouver avec le défunt plutôt que de la colère ou de la dépression. Soulignons cependant que cette théorie est relativement nouvelle et que la majorité des ressources sur le deuil appuient un modèle similaire, sinon identique, à celui d’Elisabeth Kubler-Ross.

 

1. Lesquelles de ces affirmations sur le deuil sont en réalité des mythes?

Lisez chacune de ces affirmations et déterminez si elle est réelle ou fictive. Vous pourrez ensuite vérifier les réponses ci‑dessous.

Réalité, ou fiction?

  • Dès que l’on se remet d’un deuil, la vie revient à la normale.
  • Le deuil a une même durée prévisible pour tout le monde.
  • La première année est la pire.
  • La souffrance morale, c’est une sorte de tristesse.
  • On ne peut pas porter le deuil pour une personne qui vit encore.
  • Il faut rester actif, et la souffrance disparaîtra.
  • Le temps guérit toutes les blessures.
  • Les femmes souffrent plus profondément que les hommes.
  • Les hommes ne veulent pas parler de leur souffrance morale.
  • La souffrance morale entraîne tout le monde sur un même chemin pendant une même période.
  • Les gens qui ne pleurent pas ne vivent pas leur deuil.
  • Au fond, la souffrance morale ne vise qu’à « reprendre le dessus ».
  • Les jeunes enfants ne vivent pas le deuil.
  • La souffrance est moins intense lorsqu’on sait d’avance que la personne va mourir.

Réponse : Toutes les affirmations ci‑dessus sont des mythes, de la fiction.

 

Consultez ces autres ressources pour approfondir vos connaissances sur les étapes du deuil.

Two Big Myths about Grief
https://www.scientificamerican.com/article/grief-without-tears/

Bereaved Families of Ontario
http://www.bereavedfamilies.net/

Grief Treatment Centres in Ontario
https://www.psychologytoday.com/en-us/ca/treatment/grief/ontario